The X-Files : I want to believe
Cette review contient des spoilers.
Après 6 ans d’absence, l’univers d’X-Files revient sous la forme d’un film. On retrouve nos deux héros vivant ensemble dans une maison assez retirée. Si leur relation suit le schéma assez typique « on est ensemble – on s’embrouille – on est à nouveau ensemble à la fin », il est intéressant de voir à quel point Scully est inquiète de voir Mulder toujours en lutte contre ses démons intérieurs et à quel point Mulder a besoin d’elle à ses côtés. Comme ils le disent eux-mêmes dans le film, c’est l’obstination de Mulder qui a séduit Scully, et c’est cette même obstination qui les sépare à un moment dans le film. La volonté de croire de Mulder est un des points importants du film, comme il a été un des points importants de la série. La foi de Scully est aussi un élément important, même si elle est différente de celle de Mulder. La scène finale, quand Scully commence l’opération du petit garçon, est intéressante parce qu’on voit bien qu’elle se tourne vers sa foi quand la médecine ne peut pas répondre à ses questions. Ils ont tous les deux une fois différente mais ils croient l’un en l’autre. Je n’aurais pas imaginé Scully ailleurs que médecin dans une refuge catholique après le FBI. Mulder, quant à lui, passe apparemment la plupart de ses journées dans la même pièce, se faisant discret suite à son évasion, qui n’est pas sans rappeler son bureau au FBI : le célèbre poster « I want to believe » collé au mur, différents articles de journaux et photos sur les enquêtes du FBI et les affaires paranormales comme tapisserie, et un plafond décoré de crayons. Bref, on retrouve des personnages qui n’ont pas changé. Mulder est dans son élément, Scully dans le sien (médecine et foi). Le début du film se charge donc de nous rassurer sur ce point. Le petit bonus est pour les shippers : nos deux ex-agents sont ensembles.
Le film repose sur la question de la foi. Le titre original du film est d’ailleurs assez explicite. Une question de croyance. Une volonté de croire. Mais que croire ? Croire en quoi ? En qui ? Le film pose ces questions. Mulder sait en quoi croire et son obstination contraste avec les doutes de Scully. La conclusion du film est dans la tradition des fins des épisodes de la série. En effet, on nous laisse le choix de croire l’une ou l’autre des théorie : médium ou menteur. La question n’a pas de réponse dans le film ; c’est une question de croyance. La construction du film, comme celle de la série, renforce cet aspect de choix. Il s’agit de choisir en quoi on veut croire. Dans une interview à propos de ce film, Chris Carter a dit : « L’histoire évoque les difficultés à faire cohabiter la fois et la science. Cela suggère également la lutte que mène Mulder pour ses convictions ».
L’ambiance générale du film est sombre : un médium qui est un ancien prêtre pédophile, un trafic d’organes, des expériences sur des humains, des disparitions et des meurtres, des opérations dans des salles sombres loin d’être entièrement stériles. Cette ambiance contraste avec le paysage rendu blanc par la neige. Mais, là encore, le blanc est froid et participe de l’ambiance inquiétante du film. Ajoutées à cela toutes les scènes de nuits et nous avons un film avec une ambiance particulière, comme X-Files sait les faire. L’ambiance, la neige et le froid renouent avec les premières saisons de la série parce que ces éléments sont liés au lieu de tournage : Vancouver, ville qui avait accueilli les débuts de la série. Je n’aurais qu’un petit reproche à faire au niveau de l’ambiance : il manque un petit quelque chose, une petite dose de paranormal en plus pour que ça soit parfait.
Le film repose sur une intrigue indépendante qui s’écarte de la mythologie de la série. Fugitifs à la fin de la série, Mulder et Scully collaborent à nouveau avec le FBI qui promet d’oublier les accusations contre Mulder en échange de son aide. L’agent Whitney fait appel à lui, par l’intermédiaire de Scully, pour ses compétences dans le domaine de surnaturel pour résoudre une affaire qui concerne la disparition d’un agent et dans laquelle intervient un médium. Mulder accepte si Scully l’accompagne. L’intrigue est donc indépendante mais le film ne manque pas de références à la série : la pièce de Mulder qui rappelle son bureau au FBI, plusieurs personnages de la série sont cités, les allusions à William et à la situation de Mulder. Tout cela assure la continuité avec la série. En ce qui concerne William, Scully croit s’être beaucoup attaché à un de ses patients parce qu’il a environ l’âge que William doit avoir. Cela nous permet de voir comment Mulder et Scully gère l’absence de leur fils tous les deux. Le film rappelle les épisodes loners de la série, les épisodes « monstre de la semaine ». Il renoue ainsi avec les racines de la série.
Maintenant, il n’y a plus qu’à attendre de voir si le film est un succès au cinéma pour espérer voir un troisième film un jour. Il reste des pistes à explorer pour X-Files, notamment dans sa mythologie. Pourquoi pas sur décembre 2012 ?
Dans ce film qui propose une intrigue à la limite de la science et qui fait peur de façon intelligente en nous amenant à nous poser des questions sur les croyances, X-Files signe un bon retour après 6 ans d’absence. Eternels complices, Mulder et Scully doivent une nouvelle fois affronter des évènements étranges et effrayants mais aussi leurs démons intérieurs, et lutter pour leurs croyances. En proposant une intrigue indépendante, tout en incluant des références à la série, le film montre qu’il a été fait autant pour les fans que pour un nouveau public. Ces nouveaux spectateurs auront peut-être envie de découvrir la série…